A propos de lectures, de spectacles, etc...

Où je fais mon miel ...


The Prisoner, magnifique pièce de théâtre de Peter Brook et Marie-Hélène Estienne, vue à La Comédie de Clermont Ferrand. Un homme est assis, seul, devant une immense prison, dans un paysage désert ... Cet homme cherche-t-il une rédemption ? Est-ce que les gens viennent le voir ? Est-il là depuis longtemps ?

Le coeur cousu de Carole Martinez. Magnifique roman à l'écriture lyrique, onirique et incantatoire. On suit les destinées des femmes d'une lignée, aux prises avec les événements historiques et les héritages de leur milieu, en tension, tragiquement, avec la vie qui les habite. Les rudesses de leur vie, du sud de l'Espagne à l'Afrique du nord, les rendent encore plus lumineuses, ces femmes qui vont au bout de leur parcours coûte que coûte. L'écriture poétique de la romancière en frôlant le fantastique et le magique donne une dimension admirable à ses personnages.

Les Essais , livre III de Montaigne. Heureuse lecture (comme les deux premiers) que ce livreLa langue du XVI°siècle et celle de Montaigne est difficile certes. Mais si on passe ces aspérités, on jouit de la merveilleuse conversation de Montaigne, à bâtons rompus, comme s'il était à nos côtés ; il nous parle de tout ce qui nous intéresse et interroge, avec aménité, et dans une immense ouverture d'esprit, à la mesure de sa recherche  de la connaissance de soi.

L'usage du monde de Nicolas Bouvier. Un classique de la littérature de voyage. Tout simplement une lecture essentielle. Le périple de deux jeunes hommes d'à peine vingt cinq ans, un peintre et un homme de lettres. On suit le regard d'un homme exceptionnel sur le monde qu'il traverse et découvre, avec les bagages de son monde qui est aussi le nôtre. La lucidité, faite d'humilité et de simplicité, et l'honnêteté intellectuelle de ce voyageur, en quête, nous fait à peine sentir son impressionnante érudition.

Mourir un peu de Sylvie Germain, Desclée de Brower poche. A partir d'interrogations profondes et essentielles, inhérentes à la condition humaine, sur un mode d'une humilité lumineuse et poétique,  l'auteur nous fait parcourir à ses côtés quelques paysages de la spiritualité. Des références à des oeuvres littéraires et artistiques constituent en partie ces paysages, lieux de quête, et y trouvent une profondeur et une résonance particulière. Très belle lecture faisant vivre l'expérience touchée.

Le Livre des petits étonnements du sage Tao Li Fu de Jean-Pierre Siméon, traduction de Meng Ming, calligraphie de Lei Pingyang,Cheyene éditeur. Magnifique petit ouvrage qui contient des sentences aux rapprochements insolites, comme :

"Le vent décoiffe les cheveux

et le rêve les idées bien peignées."

Les figures de style illustrées par des dessins de Plantu, Laurence Caillaud-Roboam, éditions Hatier. Album qui offre des pistes très intéressantes pour un atelier d'écriture et de pratique artistique.

Je m'en vais, de Jean Echenoz, aux éditions de Minuit, collection "double". Roman savoureux qui nous fait suivre, dans des déboires et des errances quotidiennes et d'autres extraordinaires, un anti-héros sympathique dont l'autodérision naïve anime le point de vue interne, tout  comme elle floute les différents niveaux narratifs.

Trois femmes puissantes, de Marie NDiaye, aux éditions Gallimard. Trois récits centrés sur trois femmes, exceptionnelles par ce qu'elles nous disent à travers leur parcours de notre "humanité". Une lecture et une écriture PUISSANTES !

Retour à maintenant : itinéraire d'Henriette Lannes, aux éditions de Tournadieu, format kindle. Un cheminement spirituel à travers des fragments thématiques qu'on peut rapprocher par certains côtés des Pensées de Pascal, et qui, à la lecture, donnent l'impression d'une transmission orale.

Je crois en un seul dieu, texte de Stefano Massini, mis en scène par Arnaud Meunier, et incarnée par Rachida Brakni : l'écriture théâtrale de ce dramaturge italien contemporain nous immerge dans les tragédies d'aujourd'hui (le conflit israélo-palestinien) qui interrogent violemment ce qu'intimement on pourrait nommer "destinée". On suit tour à tour, comme dans une partition musicale à trois voix, trois femmes - israélienne, palestinienne et américaine.