- Quelques textes écrits en atelier à partir de tableaux
Surgissement
La femme que je suis… je l’ai longtemps cherchée.
Aujourd’hui, me voilà assise au sommet du monde. Là où la sérénité s’écoute. Là où je suis remise à ma place. Là où je saisie que je ne suis qu’un grain de sable parmi d’autres grains de sable. Là où je sens le monde, la puissance de l’univers autour de moi.
J’appartiens à quelque chose de plus grand que moi.
Je suis éphémère, mais en paix.
Je n’ai plus de barrières.
Je suis la femme que je veux être.
Texte de Stéphanie
Là où la sérénité s’écoute, dans ce bois de lumière, j’arrive, je pars, je fuis, j’attends, qu’est-ce que je sais que j’ai oublié ?
Sont-ils nombreux les regards qui parcoururent ce lieu, hommes essoufflés par la course que, de toute façon, ils allaient perdre, femmes en recherche de bonheur, sans certitude comme sans espoir ?
Sont-ils nombreux les regards qui s’arrêtèrent sur ce tableau, regards étonnés, émerveillés, regards passifs ou pressés ?
Qu’importe !
L’émotion ressentie se partage rarement.
Et puis non, cela importe, car l’émotion partagée explose en nous, envahit tout, c’est tellement doux, violent, magique que d’aimer ensemble, au même moment, la même chose.
Texte de Sylvie
- Atelier sur le thème du passage : "A la porte de l'hiver"
A la porte de l’hiver le charme du jardin à petits pas s’éloigne de plus en plus de sa structure d’arbre tutélaire, et moi, dans mon fauteuil, les biceps meurtris par trop d’efforts, je perds le nord, je perds mon astre, j’ai du mal à respirer et pas de phare pour me guider, pour colmater, trouver des joints, relier, consolider la structure qui chancèle et pourrait repartir à zéro.
« Little one » petite mésange que penses-tu de cette rencontre future qui me fait trembler de joie ? Y aura-t-il vraiment une rencontre ? Une rencontre à vrai dire qu’est-ce que c’est ? Tu exagères « Little one » je ne comprends pas ce que tu dis, ce qui va se passer ne s’est pas encore passé !
Mais voilà cette « Canaille » de pie à la porte de l’espérance qui me souffle et m’insuffle tout un vent de tristesse et me pousse à m’assoir sur cette pierre avec les bras tout serrés autour de moi, serrés à m’étouffer, à sentir ce squelette, retrouver le soleil, retrouver pourquoi pas ? ce chemin de confiance, d’espérance et non pas de sottise comme tu le prétends avec ton bambou qui peut être si plein, si frais, si résistant, inébranlable aussi mais par l’autre bout différent du tien.
A la porte du ciel ma sitelle « Torchepot » ! En plein courant d’air ! Tu m’aides, à m’introduire dans ce niveau d’amour en devenir où ma mère et ma sœur sont comme des jalons, une ossature à construire vers cette compassion où j’aimerais me hisser. C’est ça « Torchepot » fais-moi rire avec ton genou et l’orteil ; ce matériel indispensable pas uniquement pour meubler.
« celui qui choisit le chemin le plus facile ne peut espérer y lever du gibier » dixit Louis Alexandre Fortin qui des méandres de « la » ou « sa » guerre et résistance s’en vient nous faire partà nous, Little one, Canaille et Torchepot, de sa quête ou de sa « chasse », mais lui, c’est de son chemin qu’il parle, et sûrement qu’il parle d’expérience, ayant tenté …
Françoise
- Les premières de la filière Littéraire du lycée St Pierre de Montrond les Bains invités, à l'initiative de leur professeure Mme Delannoy, ont découvert l'écriture de la ballade ...voici quelques unes de leurs danses !
Silencieuse …
Silencieuse je suis comme un bébé sous le soleil mêlant rêverie et peur
Silencieuse comme lorsqu'on aime avec cette rage fermant et étouffant le col
Silencieuse comme cette paix invisible cherchant à nous siffler au
creux de l'oreille qu'elle est tout près et nous guette tel l'élan à
l'aube
Silencieuse est La Croix que vous contemplez, vous observant à son tour avec ses yeux qui regardent votre cœur mélancolique
Silencieuse est ma rage qui me pousse à m'enfuir de l'autre côté du
col, là où mon cœur pour se remplir de cette paix qui m'appelle
Silencieuse cette mélancolie qui me rappelle ce bébé brûlant d'amour
comme le soleil pouvant éclairer ma peine, cette peine perdue à jamais
Silencieuse est-elle regardant ces yeux mais sachant déjà que la fin arriverait, elle aime, elle l'aime
Silencieuse elle l'aime mais sa rage en rit
Silencieuse est la paix embrasant sa lyre rongée par ma peine
Silencieuse suis-je en lisant mon passé retranscrit dans la rage de mes veines
Silencieuse elle s'autodétruit avec cette paix qui s'enfuit
Silencieuse elle vit, survolant l'amour mais se nourrissant de rage, ce pauvre emblème
Silencieuse est-elle regardant ces yeux mais sachant déjà que cette fin arriverait, elle aime, elle l'aime
Mia tes yeux verts luisent quand tu le vois
Mia je t'en prie, ne fais pas de croix
Mia repense à vos rêves, à votre vie
Mia c'est fini, vos yeux se croisent une dernière fois et lui te sourit
- Atelier à tout va du mois de mai sur le thème de la simplicité
« l’espace pictural est un mur mais tous les oiseaux du monde y volent librement à toutes profondeurs » Nicolas de Staël
Depuis hier au soir, je ne trouve pas vraiment, la vie simple
je me perds et tourne en rond depuis déjà un bon moment !
comme un serpent en train de se mordre la queue les situations auxquelles je suis confrontée
et que j'ai à traverser s'ajoutent les unes aux autres
et me renvoient comme un punching-ball
dos contre le mur
tout m'apparaît dans l'instant bien compliqué
je vais aller dormir
sûr demain j'y verrai plus clair
je me pose pour y voir un petit peu plus clair
Quelle Aubaine ! au moment où j'allais expirer la Vie m'a offert un temps de respiration
et m'a autorisée à changer de cadreenfin libre pour l' instant, de lâcher cette galère
je célèbre encore une fois la Magie de la Providence
qui vient de me conduire à l'hôpital de Marcenod Don de Mars
où la Nature qui m'entoure
et la vue des grands arbres bercés par le vent
sont pour moi un vrai soin holistique
C'est l' Art de la Simplicité
ou comme dirait Bruce Lee
'' la Simplicité est le Principe de l' Art ''
TOURNONS ENFIN LA PAGE
face à toutes les complications
un espace de liberté
est appelé à s'ouvrir
mais tous les chemins
qui y mènent conduisent….......... le plus simple est à emprunter
Denise
Se heurter à un mur sans voir le passage qui est pourtant devant moi : il suffisait de tourner la tête. Eureka ! Mais avant la réponse quel casse-tête ! Je me prends la tête à deux mains. Mais c’est le pied qu’il fallait prendre : prendre son pied pour garder les pieds sur terre. C’est l’espace d’un pied carré qui représente le visage dans lequel le front froncé et les sourcils plissés témoignent de l’intensité des associations d’idées : c’est l’œuf de Colomb. Faut-il pour cela se creuser les méninges ? Avec quel outil ? Un sablier comme au jeu d’échec ? Non, un fil d’Ariane.
Pour défaire l’écheveau embrouillé à l’extrême de ma ligne de pêche, pas besoin de se casser la tête. Le nœud gordien peut servir de modèle : il suffit de couper sans chercher midi à 14 heures ! Mais ensuite il faut refaire un nœud … ou plusieurs, quel nœud ? de pêcheur ? de jambe de chien ?
Là, je le heurte au mur de l’indécision. La chose est compliquée : opter pour la solidité ? qu’il se bloque pas ? impossible à défaire ? qui ne glisse pas ?
La simplicité du geste d’Alexandre est donc source de complication : elle est mal acquise car un nœud est fait pour être dénoué et non pas tranché.
L’espace : combien de dimension ?
C’est une formule géométrique
Mais à toutes les complications
Il est ouvert sans qu’il s’étrique
Y a-t-il un objet d’action ?*
Michel
L'homme que je suis répugne à ce type d'examen intérieur, à l'introspection douloureuse et dégoulinante de regrets. Oui, comme tous mes contemporains, je suis un monstre. Au sens propre. Hybride, mélange dis-harmonieux de gamètes femelles et de gamètes mâles, issu d'une lignée qui n'a cessé de transmettre ses dégénérescences, je cumule les tares, les défauts, les imperfections. Certains les appellent de façon prude « tâches de naissance » ou « syndrome familial ». « Tiens, il a le nez de son grand-père . Et le caractère bourru de sa chère tantine. »
Moi je sais qu'il ne faut pas sous-estimer ces ressemblances auxquelles on ne peut échapper. Qu'une tâche est une tâche et que tout cela est bien révélateur de l'inexorable déclin de notre espèce. Alors les remords, les excès de sensibilité, je ne mange pas de ce pain-là. Nous sommes perdus :c'est un fait. Voilà tout. Il faut s'y résoudre et comme souvent le plus tôt est le mieux.
Et pourtant, aujourd'hui, quelque-chose se brise dans ma carapace et je sais que je ne saisis pas encore l'ampleur du phénomène. J'ai beau lutter pour ne pas en tenir compte, cela ne sert à rien.Aussi je partirai, avec ma monstruosité, ma peine et ma honte.
Ainsi la chute de l'homme, toujours plus bas.
Texte de Daniel
- Atelier à tout va .... « D’où je regarde tout est possible : il se passe quelque chose... »
Une fenêtre s’ouvre sur l’extérieur, c’est bon de respirer, de ne plus se sentir murée par cette paroi si sombre. Ouvrir, pour voir ce que l’on ne prend plus le temps de voir, et imaginer…Harmonie d’un soir où le soleil se couche sur la ville, lumières des feux des voitures entremêlées, extérieur hostile et pourtant familier. Jaune réconfortant des halos de ces monuments, paysage recomposé. Extérieur bruyant mais ronronnant « calme et volupté » du bruit alors qu’ »il pleut sur la ville ».
Pourquoi fermer ? Protection, plongée dans une intériorité plus féconde ? Le cocon n’est-il pas nourri des ces ondes qui, par la fenêtre ouverte, m’envahissent malgré moi ?
Ce qui est bien avec ma fenêtre, c’est que je peux décider de mon monde, laisser l’extérieur venir à moi ou m’en protéger. Laisser partir mes pensées car regarde-t-on vraiment ce qu’il ya en dessous ? Je peux partir loin de la ville , ouvrir sans limites et me retrouver sur un sentier de Provence tout en contemplant la Seine.
Je pense aussi à toutes ces fenêtres qui s’ouvrent sur les autres, ou plutôt toutes ces petites fenêtres du cœur que l’on aimerait parfois ouvrir, celles que l’on brise aussi car elles sont décevantes et ne montrent pas « la vie en beau », pensée pour le vitrier malmené de Baudelaire…
Finalement, une fenêtre qui s’ouvre sur l’extérieur, c’est un peu tout ça, dedans, dehors-et moi qui regarde.
Mais on me regarde : Pourquoi cet éboueur ? Est-ce l’appel du vitrier ? Homme de la rue qui vient me troubler dans mes rêveries, me replonger dans mes tracas. Merde, j’ai oublié la poubelle ! Et j’ai mis le verre dans le sac noir : va-t-il le voir ? Et puis zut, le local à verre est trop loin…De verre en verre, de vitre en vitre…
« Pourquoi si tôt ?
-Là tout n’est qu’ordre et beauté, luxe , calme et volupté »
Est-tu sûr que cette légende soit la vraie ? Une fenêtre sur l’intérieur s’ouvre. Le ciel étoilé fait écho à cette vielle loi morale, maintenant trop loin de notre monde et des bois de l’intériorité. Alors il faut allumer à nouveau la lampe pour relire la légende devenue trop humide pour nos os usés. Petite âme vagabonde et câline d’Hadrien, qui contredit la légende grâce à cette fenêtre ouverte par Marguerite qui, à force de chercher, est parvenue à rentrer dans l’intérieur de ce grand homme.
Ainsi faut-il ouvrir la fenêtre du monde intérieur pour parvenir à écouter à nouveau les vrais bruits de mon âme
Marie-Caroline
Quelques impressions de participants…
« Au départ, c’était assez difficile pour moi d’écrire, mais au fur et à mesure de l’atelier ça devenait de moins en moins difficile pour moi d’avoir de l’inspiration ; et d’écrire la forme imposée m’a un peu dérangé au départ, mais on s’y fait, dans l’ensemble j’ai quand même beaucoup apprécié. » - Timothé
« C’était une activité intéressante mais ce genre d’exercice ne me convient pas car je n’ai pas l’esprit fait pour cette activité. » - Aubrée Chatagnon
« Cette activité m'a permis de créer malgré les contraintes, de réaliser un poème dont je suis satisfait. En revanche je n'ai pas apprécié certains exercices pour débuter que j'ai trouvés parfois inutiles. Mais dans l'ensemble, c'était amusant et intéressant » - Stéphane Devillard
« Cette
activité était ludique et très intéressante. J'ai bien aimé. Mais c'est
vrai que c'était parfois assez compliqué car en effet il fallait savoir
trouver les mots et l'inspiration. Malgré tout c'est assez amusant. En
compagnie d'une très gentille femme » -
Camille Perret
Lecture d'Enfance
Douce je suis lorsque je lis Douce est la nuit lorsque tu vis
Doux est le sommeil auprès du feu
Douces sont les images du glorieux
Doux est le mélange de rêves et de vie
Doux sont les simples aux cœurs meurtris
Doux souhait s'exaltant en vœux
Doux amour maternel sonnant tel un hang
Doux chant de l'orang-outan
Douce voie profonde du père d'aujourd'hui
Douce je suis lorsque je lis
Mulan femme courageuse fiction infinie
Douce chanson d'un film d'enfance
Doux souvenirs d'une princesse jolie
Doux passé d'une poupée de confiance
Marie-Lucie Marze 1L
L’autre soir, je devais me rendre à 100 km de chez moi. Manque de chance, malheureusement ma voiture n’a pas voulu démarrer.
Mais pour moi heureusement, le matin même, j’avais eu la grande joie de voir débarquer à l’improviste une vieille amie Anglaise, ma correspondante quand j’étais en sixième, Betty.
Betty était arrivée avec une belle voiture rouge flambant neuve, j’avais d’ailleurs eu un peu honte de ma vieille Clio.
Ainsi, je ne pensais pas le matin même que l’arrivée de Betty, et de son auto, serait pour moi une aubaine, elle m’a proposé spontanément de me la prêter, ce qui m’a permis de me rendre à ce rendez-vous important.
Mais je me suis vite rendue compte que la conduite à droite avec le volant à droite était un peu compliquée. Et lorsque je suis arrivée au péage, mes constats se sont confirmés. En effet, il a fallu que je m’étire, que je m’étire, que je m’étire, pour atteindre le ticket de péage. Et aïe ! J’y étais presque lorsque mon pied a glissé sur la pédale d’embrayage, ma voiture a fait un bond en avant et… je n’ai pu attraper le ticket…
Alors, j’ai fait silence… je suis sortie de la voiture, au grand désespoir des conducteurs qui me suivaient et qui s’impatientaient.
J’ai sorti mon banc de méditation, et je me suis mise en mode zen, tout d’abord pour décontracter mes vertèbres douloureuses à force d’avoir été étirées, ensuite pour retrouver mon calme. J’ai fait silence puis j’ai chassé les pensées comme des nuages… puis je me suis levée, j’ai contourné la voiture et je suis allée à pied devant la machine à tickets, qui elle aussi s’était impatientée et m’en avait préparé toute une ribambelle.
Alors j’ai créé des passages, pour me faire pardonner, je suis allée distribuer des tickets et des sourires aux automobilistes.
Au bout du compte, nous avons tous communié au sein d’un immense éclat de rire communicatif.
Finalement, tout était simple. Il n’y avait pas besoin d’en faire tout un fromage.
Figurez-vous que cette complication : ne pas arriver à attraper le ticket de péage s’appelle être Xiéveau[i] si l’on habite au nord de la Loire et s’appelle Zoupard[ii] si l’on habite au sud de la Loire…Et quand le ticket est à gauche et le volant à droite cette complication s’appelle ouste zoupard.
L’espace de cette rencontre d’écriture a ouvert des possibles, c’est un travail mais l’écriture en groupe laisse aussi entrevoir que tout est simple : Une balancelle textile de lin grège, un chat y dort, il ronronne, nous envoie à toutes et à tous des ondes bleues. Des gâteaux délicieux, quelques feuilles, un stylo, une énergie qui circule, dans un beau lieu, qui porte si bien son nom de l’hospitalité…
Nadine
[i] Dans : « le baleinié » : le dictionnaire des tracas ; Christine Murillo, Jean Claude Leguay, Grégoire Oestermann ; éditions Point, collection le goût des mots
[ii] Idem